Fragment du Dossier de Presse réalisé par le

Service de Presse de l'Opéra National de Paris

Vaslav Nijinski (1889-1950)

Figure énigmatique et prestigieuse, Nijinski occupe dans l'histoire du ballet une place légendaire. Son seul nom symbolise l'envol, le bon infini.

Né à Kiev en 1889, Vaslav Fomitch Nijinski est l'héritier d'une longue lignée de danseurs.

Entré à l'Ecole Impériale du Ballet de Saint-Pétersbourg en 1898, il manifeste très tôt des dons exceptionnels (dès 1904, on parle déjà de son élévation remarquable).

Engagé au Théâtre Mariinski en 1906, on lui confie rapidement des rôles de soliste. Il crée - en 1907 - Le Pavillon d'Armide de Fokine, travaille avec le maître Enrico Cecchetti et est choisi comme partenaire par la prima ballerina assoluta Mathilde Kschessinska.

À la même époque, il fait une rencontre capitale pour sa carrière, celle de Diaghilev, qui l'entraîne (avec Fokine, Pavlova et Karsavina) dans l'entreprise des "Ballets Russes ".

Paris célèbre le jeune Nijinski : déjà applaudi dans Cléopâtre, Le Pavillon d Armide et Le Festin, il triomphe dans le rôle romantique du poète des Sylphides (Théâtre du Châtelet - 1909). Ses apparitions virtuoses dans l'Arlequin du Carnaval, l'Esclave d'or de Shéhérazade ou Kobold dans Les Orientales, ainsi que la poésie qu'il confère au prince de Giselle (Palais Garnier - 1910) le consacrent comme le nouveau dieu de la danse.

Il devient progressivement le cœur même des " Ballets Russes ", et lorsqu'en 1911 il est suspendu de ses fonctions au Théâtre Mariinski à la suite d'un incident de costumes, Diaghilev lui signe aussitôt un contrat permanent de soliste dans sa compagnie. Nijinski quitte ainsi la Russie (il ne devait jamais y retourner).

Le Spectre de la Rose et Petrouchka (Théâtre du Châtelet - 1911) font définitivement entrer Nijinski dans la légende il est alors à l'apogée de sa carrière et de sa gloire. L'année suivante, il danse Le Dieu Bleu, Daphnis et Chloé, et L'Après-midi d'un faune qui marque ses débuts de chorégraphe non conformiste. Modernité qui se prolonge (au Théâtre des Champs-Élysées - 1913) dans Jeux et éclate dans Le Sacre du printemps, jusqu'au scandale. Au cours d'une tournée en Amérique du Sud, Nijinski épouse Romola de Pulska. Diaghilev, furieux en apprenant la nouvelle, décide alors de se séparer de lui Nijinski se retrouve brutalement jeté dans un monde qu'il ne connaît guère, ayant été tenu à l'écart de tous les problèmes quotidiens par son protecteur. Son entreprise de créer une troupe en Angleterre se solde ainsi par un échec. Surpris par la déclaration de guerre alors qu'il est en Hongrie avec sa famille (sa première fille, Kyra, est née en juillet 1914), Nijinski est mis en résidence surveillée à Budapest. Libéré - par un jeu de relations d'ambassades - en 1916 pour participer à une tournée des " Ballets Russes " aux Etats-Unis, il reprend la direction artistique de la seconde série de spectacles, crée son dernier ouvrage Till Eulenspiegel (octobre 1916) et enchaîne une tournée espagnole, puis sud-américaine.

Sa nervosité s'exacerbe progressivement : il est en proie à des crises de mysticisme et à une sorte d'obsession de la persécution.

De retour en Europe, il se fixe en Suisse à Saint-Moritz. On lui diagnostique alors des symptômes de schizophrénie ; il voit peu à peu sa raison s'altérer et doit régulièrement être interné.

Après avoir survécu pendant trente ans, le " clown de Dieu " s'éteindra d'une affection rénale à Londres, le 11 avril 1950. Il repose à Paris, au cimetière Montmartre.