LE MAITRE A DANSER - PIERRE RAMEAU - 1725

 

Le pas grave - chapitre XXVII - page 115

 

Feuillet - 1700

 

Des temps de courantes, ou pas graves

 

Comme l'on commençait autre fois, par la Courante à montrer à danser, et que d'ailleurs j'ai promis d'aller de pas en pas ; pour me mettre en règle, je commencerai donc par le temps de Courante, ou pas grave, comme étant un des premiers pas et qui inspire le plus de grâce.

 

Il faut d'abord savoir, que ce pas n'est nommé temps que parce qu'il n'est renfermé que dans un seul pas et un seul mouvement, et qu'il tient la même valeur que l'on emploie à faire un autre pas composé de plusieurs mouvements et plusieurs pas comme un pas de courante, ou pas de Bourrée. Voilà la différence que je fais du pas au temps.

 

Mais ce temps n'est pas seulement dans la Courante, on le place dans toutes sortes de danses, où il fait un bon effet, et même il procure beaucoup de grâce au corps par ses mouvements doux et tempérés qu'il faut observer pour le bien faire.

 

Je suppose que vous deviez le faire du pied droit ainsi ayant le pied gauche devant et le corps posé dessus, et le pied droit derrière à la quatrième position, le talon levé prêt à partir, de là vous pliez en ouvrant le pied droit à côté, et lorsque vous êtes élevé et les genoux étendus vous glissez le pied droit devant, jusqu'à la quatrième position, et le corps se pose dessus entièrement, mais à mesure que le pied droit se glisse devant, le genou gauche se détend et son talon se lève, ce qui renvoie avec facilité le corps sur le pied droit, et du même temps vous vous élevez sur la pointe : ensuite vous baissez le talon appuyant tout le pied à terre, ce qui termine votre temps de Courante ou pas grave, le corps étant, dans son repos par le pied qui pose entièrement ; de la vous pouvez en faire un autre du pied gauche en observant les mêmes précautions, même pour se mettre dans l'habitude de les faire, il en faut répéter plusieurs de suite tant d'un pied que de l'autre.

 

J'ai vu plusieurs personnes les prendre de la première position, ils font aussi un fort bon effet, il m'ont paru plus difficiles, d'autant que lorsque le corps se pose sur un pied, la jambe de derrière suit, et s'approche de l'autre à la première position, et de la vous pliez et vous vous élevez du même temps sans passer le pied, que lorsque les jambes sont bien étendues, vous posez le talon du pied sur lequel vous vous êtes élevé, et son genou se détend à mesure que vous glissez le pied qui était en l'air jusqu'à, la quatrième position, qui est l'étendue ou proportion de votre pas ; mais comme vous passez le pied à plein, et que le talon porte à terre, le corps se pose facilement sur ce pied, et vous vous élevez sur sa pointe, et de suite laissez appuyer le pied ce qui termine ce pas, on en fait aussi en allant de côté ; alors on le commence dans une position différente ; parce qu'ordinairement il se fait après un pas de Bourrée dessus et dessous, qui finit son dernier pas à la troisième position.

 

Ainsi c'est de cette position que vous partez en pliant sur les deux jambes, sans changer de position avant que vous ne soyez relevé, ensuite vous glissez le pied qui se trouve devant.

 

Par exemple, vous faites un pas de Bourrée dessus et dessous, du pied gauche en allant du côté droit, le pied droit se trouve devant la troisième Position ; ainsi de là vous pliez sur les deux jambes également et de là étant relevé et les deux jambes bien étendues vous glissez le pied droit à coté à la deuxième position, et vous portez le corps dessus, ce qui termine votre pas ; mais si vous voulez faire ce pas de l'autre pied, il faut poser le corps sur le pied gauche, et votre pas de Bourrée fini, vous pliez également sur les deux jambes, et vous vous relevez sur la droite, en glissant le pied gauche à côté à la deuxième position, et le corps se pose dessus en vous élevant sur la pointe du pied qui a glissé à côté, et le talon se pose dans le même temps, ce qui termine ce pas : le corps étant dans son à plomb, ainsi de cette situation vous pouvez entreprendre de faire tels pas que vous souhaitez, soit d'une jambe, soit de l'autre.

 

Il se fait des pas que nous appelons seulement temps, mais qui ne doivent pas être confondus dans la même manière de ceux-ci ; quoique leurs premiers mouvements se prennent de même, mais il ne se terminent pas comme les autres. Parce que ce temps est plié et levé ; et vous, portez le pied à côté sans le glisser, ce qui fait la différence de l'un à l'autre comme il s'en trouve plusieurs dans l'Aimable Vainqueur placés différemment, c'est ce qui m'engage de vous en donner une claire intelligence.

 

Par exemple, ayant le corps posé sur le pied gauche : à la quatrième position, vous pliez dessus et vous vous relevez en portant le pied droit à côté à la deuxième position, en ne posant que la pointe du pied, et vous restez un temps pour reprendre un autre pas, ce qui fait un agrément tout des plus gracieux : car ce pas étant pris à propos, le corps restant dans son repos, dans une situation avantageuse, vous donne beaucoup de grâce, après on fait un autre pas qui en paraît plus animé par l'opposé d'un pas lent à un autre, qui se fait plus vivement, ce qui fait en partie la beauté de la danse, lorsque l'on fait faire tous ces différents mouvement et pas à propos, en conservant beaucoup de noblesse dans les pas lents et de vivacité dans les vites.

 

 

Des Coupés de différentes manières.

 

Le Coupé ordinaire est composé de deux pas ; savoir un demi-coupé, et un pas glissé : comme je m'aperçois que le terme de glisser pourrait n'être pas connu de tous ceux qui apprennent à danser ; surtout cette jeunesse à qui très souvent la trop grande vivacité fait oublier ce que leur Maître leur enseigne ; c'est à cette occasion que je fais la remarque suivante : Le pas glissé est de passer le pied doucement devant soi en touchant le parquet ou plancher très légèrement ; ce qui doit s'entendre que ce pas est plus lent que si l'on portait le pied sans qu'il touchât à terre, ainsi se glisser signifie un pas très lent, ce qui fait en partie la perfection du coupé : il doit être plié à propos, élevé en cadence et soutenu gracieusement. Je dis qu'il faut le plier à propos, c'est qu'il faut que vous pliiez sur la fin de la mesure pour vous lever lorsque l'on frappe la mesure, ce qui se nomme en terme de danse : cadence.

 

Ainsi pour commencer ce pas si c'est du pied droit, il faut ayant le pied gauche devant et le corps posé dessus, approcher le pied droit auprès à la première position, puis plier les deux genoux également, et étant pliez, vous passez le pied droit devant jusqu'à la quatrième position et vous élevez dessus la pointe, en étendant les genoux et du même temps le talon droit se pose, et le genou se plie, mais la jambe gauche se glisse jusqu'à la quatrième

position, et le corps se pose dessus ; il termine l'étendue de votre coupé.

 

D'autres personnes le prennent différemment ; c'est qu'après votre demi-coupé, étant élevé sur la pointe il glisse le pied dans le même temps qu'il s'élève jusqu'à la quatrième position ; en le passant la pointe doit être basse, la jambe bien étendue, et à mesure que cette jambe gauche se passe devant, le genou droit se plie, et par ce mouvement lent renvoie le corps sur le pied gauche, ce qui termine ce pas ; ces deux manières sont bonnes l'une et l'autre ; mais je trouve, que la première est plus, aisée, en ce que le corps est plus assuré par le talon droit que vous appuyez ; il se fait aussi en arrière, et de côté, aux positions près qui sont différentes selon le

chemin que vous devez tenir.

 

Comme on en fait de différentes façons, et que le changement ne consiste que dans le second pas, puisque le premier est toujours un demi-coupé ; c'est pourquoi ayant expliqué plusieurs fois la manière de faire ces demi-coupés, je ne la répèterai plus dans les pas suivants ; je dirais seulement un demi-coupé d'un tel pied. Il se trouve dans les danses de Ville des coupés battus : par exemple, vous faites votre demi-coupé en avant du pied droit, et la gauche s'approche de la droite en frappant sur le gras de la jambe et se reporte, derrière à la quatrième position : ce battement fait l'équivalent du temps que l'on est à le soutenir, lorsque vous le passez

devant.

 

D'autres où l'on fait le demi-coupé en avant : par exemple, si vous faites le demi-coupé du pied droit en avant, lorsque vous êtes élevé dessus dans ce même moment la jambe gauche fait un battement derrière et devant et se porte à côté, ou restera en l'air, selon l'enchaînement des pas.

 

D'autres qui se terminent par une ouverture de jambe, ou un tour de jambe, et la jambe reste en l'air pour faire un autre pas, qui se trouve à la suite selon que la danse que vous apprenez le requiert.

 

Il se fait une autre espèce de coupé que l'on nommé glissade, mais elle ne se pratique que pour aller de côté et sur une même ligne, soit à droite, soit à gauche par exemple, si vous voulez faire des glissades en allant du côté droit, il faut plier sur le pied gauche, pour faire votre demi-coupé du pied droit en le portant à côté à la deuxième position : et en vous élevant dessus vous tirez le pied gauche du même temps derrière jusqu'à la troisième position, en laissant poser le corps, dessus pour en reprendre un autre de suite, du droit : parce qu'ordinairement on en fait trois de suite, quoiqu'il n'en entre que deux dans une mesure c'est pourquoi on doit les faire de suite, afin que par cette liaison les mouvements se succèdent l'un à l'autre.

 

On les fait encore d'une autre façon quoiqu'elles tiennent le même chemin ; mais à la place du demi-coupé on fait un demi-jeté et on tire le pied derrière à la troisième position, mais comme on en fait trois de suite, ainsi qu'aux précédentes ; à la première on tire le pied derrière, à la seconde on le tire devant, et à la troisième elle se termine quelquefois devant ou bien ensemble à la première position, et quelquefois même à la quatrième position en avant selon les pas qui suivent, ces dernières sont plus brillantes par leur premier mouvement qui est à demi sauté ; mais il faut s'appliquer à bien faire les premières, parce que par la suite les dernières

 

 

 

Des pas de Bourrée et des Fleurets.

 

Le pas de Bourrée est composé de deux mouvements, savoir, un demi-coupé un pas marché sur la pointe du pied et d'un demi-jeté, ce qui fait le second mouvement, et l'étendue de votre pas, je dis un demi-jeté parce qu'il n'est sauté qu'a demi, et comme ce pas est un pas coulant, c'est pourquoi son dernier pas ne doit pas être marqué si fort, mais comme il faut avoir beaucoup de cou de pied, pour faire ce pas aisément et surtout pour les demoiselles ; c'est pourquoi on en a adouci l'usage, en faisant des fleurets, qui est approchant le même pas, puisqu'il ne contient non plus que 3 pas. Mais il n'a qu'un mouvement ; c'est un pas aisé et que l'on apprend facilement, il suffit d'en connaître la construction pour le faire de suite : Il est composé d'un demi-coupé et de deux pas marchés sur la pointe des pieds.

 

Quoique j'aie donné la manière de faire ces demi-coupés dans la construction du pas du Menuet, néanmoins pour vous en donner de suite l'intelligence ; je dirai que lorsque vous voulez faire un fleuret, étant posé à la quatrième position, si c'est le pied gauche que vous avez devant, qu'il faut que le corps soit entièrement dessus, en approchant le pied droit à la première position ; sans qu'il touche à terre ; puis plier deux genoux également, ce qui s'appelle plier sous soi, mais il ne faut pas passer le pied droit devant vous à la quatrième position, que lorsque vous avez plié, et du même temps qu'il est passé vous vous élevez sur la pointe : puis marcher deux autres pas tout de suite fur la pointe ; Savoir, l'un du gauche, et l'autre du droit, et à ce dernier il faut poser le talon, en le finissant, afin que le corps soit plus ferme, soit pour en reprendre un autre, ou tel autre pas que la danse que vous dansez le demande ; mais pour se mettre dans l'habitude de faire ainsi que des autres, il est à propos d'en répéter plusieurs de suite ; outre que cela vous donne la facilité de faire d'un pied ce que

vous faites de l'autre.

 

Ainsi, si l'on vous demandait de combien de pas le fleuret est composé, vous pouvez répondre de trois.

Savoir d'un demi-coupé et de deux pas marchés sur la pointe.

 

Il se fait en arrière de même, et de tous côtés, ce n'est que les positions qui sont différentes, tant par la figure des danses qu'il faut observer, soit en tournant ou en allant de côté.

 

Par exemple, si vous voulez faire un pas de Bourrée ou fleuret dessus et dessous, en revenant du côté gauche, le droit étant à la première position, vous pliez sur le pied gauche en ouvrant les genoux, et étant plié vous croisez le pied droit devant vous jusqu'à la cinquième position, et vous élevez dessus ; ensuite vous portez le pied gauche à côté à la deuxième position et le droit se croise derrière a la cinquième position, ce qui fait l'étendue de votre pas.

 

Il y en a qui se font dessous et dessus, qui est la même chose excepté que le demi-coupé se croise derrière, et le troisième se croise devant : voilà toute la différence de l'un à l'autre.

 

D'autres qui se font de côté en effaçant l'épaule ; qui se pratique de la manière suivante, savoir le corps posé sur le pied gauche, vous pliez dessus ayant le pied droit en l'air près du gauche, et vous le portez à côté en vous élevant sur la pointe et en retirant l'épaule droite en arrière ; mais la jambe gauche suit la droite, et se pose derrière à la troisième position, les genoux étendus sur la pointe ; et pour le troisième vous laissez glisser le pied droit devant à la quatrième position, en laissant poser le talon à terre ce qui finit ce pas ; le corps étant posé sur le droit vous pouvez plier dessus, et en faire un autre du gauche, en observant les mêmes principes, on les trouve placés à la fin de la Bretagne, et dans plusieurs autres danses de Ville ; lorsque ces pas sont bien pris, ils sont des plus gracieux.

 

Il s'en fait aussi d'une autre façon, que l'on appelle pas de Bourrée ouverts qui se font de la manière suivante, savoir si on le prend du pied droit l'ayant en l'air, à la première position : vous pliez sur le gauche et vous portez le droit à côté à la deuxième position et vous élevez dessus : en vous élevant sur le droit la jambe gauche suit la droite en s'approchant à la première position, dans le même temps le pied droit se pose entièrement, et de suite vous posez le pied gauche à côté à la seconde position en posant le talon premier, et lorsque le corps se pose sur ce pied, vous vous élevez sur la pointe, ce qui attire la droite dont le pied se glisse derrière le gauche jusqu'à la troisième position, ce qui termine ce pas ; mais si vous en voulez faire un autre du pied gauche, il faut poser le talon droit à terre et plier dessus, et porter le pied gauche a côté en observant la même manière, d'autant que l'on doit s'habituer de faire un pas d'un pied comme de l'autre.

 

Ce même pas se fait encore d'une autre manière, en ce qu'en faisant votre premier pas qui est un demi-coupé, ayant le corps posé fur le pied gauche vous pliez dessus, et en prenant ce mouvement la jambe droite qui est en l'air marche en faisant un battement sur le cou du pied, et du même temps se porte à côté à la deuxième position en vous élevant dessus, et continuez votre pas comme ci devant.

 

On en fait encore un autre que l'on appelle pas de Bourrée emboîté, en ce qu'il s'arrête au second pas à l'emboîture, ce que je vais vous expliquer. Il faut faire le demi-coupé en arrière en portant le pied à la quatrième position, le second pas se porte vite à la troisième, et vous restez un peu dans cette position sur la pointe des pieds les jambes étendues puis ; vous laissez glisser le pied qui est devant jusqu'à la quatrième position, ce mouvement se fait en laissant plier le genou du pied de derrière qui renvoie par son plié le corps sur le pied de devant, ce qui fait l'étendue de ce pas.

 

On place ce pas dans toute sorte d'airs, et vous en faites toutes les figures des danses avec facilité, parce que ce pas est aisé et coulant on le fait en tournant de la même façon que les précédents mais c'est aux Maîtres de conduire leurs Ecoliers dans la régularité des danses qu'ils leur enseignent, je me contenterai seulement de donner une explication de la manière de faire tous ces différents pas.

 

Il se fait un autre pas dans le même genre à qui l'on a donné le nom de pas de Bourrée vite ou à quatre pas mais comme j'ai consulté de très habiles gens non seulement sur la manière de former les pas ; mais même sur les noms propres que l'on leur a attribué : et comme j'ai vu les sentiments partagés, je ne veux pas non plus en décider, je laisse aux uns et aux autres la liberté de les nommer : quant à ce pas je dirai que le vrai pas de Bourrée est celui que j'ai décrit le premier, le second est un fleuret ; ainsi comme le vrai pas de Bourrée à deux mouvements, et que le fleuret n'en a qu'un, il me paraît que l'on pourrait attribuer à celui-ci le nom de pas de Bourrée doublé, puisqu'il se commence par un demi-coupé : ensuite deux pas marchés sur la pointe, et un demi-jeté qui termine ce pas ; c'est pourquoi on peut dire que ce pas est composé d'un fleuret et d'un demi-jeté.

 

Mais comme je ne me suis proposé que de donner la manière de faire tous ces différents pas, sans m'arrêter à l'étymologie de leurs noms parce que la plus grande partie de ces pas sont tirés des différentes danses qui sont en usage dans nos Provinces, à laquelle on leur a donné toute la propreté que l'art permet, et dont il porte le nom de ces danses.

 

Par exemple, le pas de Rigaudon est tiré du Rigaudon, qui est une danse fort en usage en Provence, et que les originaires du pays danseraient naturellement, et même chaque canton le danse différemment les uns des autres, ce que j'ai vu dans le temps que j'étais dans ce pays.

 

La Gavotte vient originairement du Lyonnais et du Dauphiné, et c'est de la que l'on a tiré nombre de contretemps que nous avons dans nos danses ; ce qui s'est introduit par les soins de plusieurs grands Maîtres que nous avons eu, à qui l'on est redevable des soins qui se sont donnés, d'avoir mis ces pas dans toute la grâce qu'ils ont aujourd'hui, ce qui a donné tout le brillant et le bon goût à cet art.

 

La Bourrée vient d'Auvergne, les Menuets du Poitou et de l'Anjou, le Passepied qui est plus léger, est la danse la plus en usage en Bretagne, quoique selon plusieurs Historiens ils citent le Passepied comme une danse très ancienne.

 

Et ainsi que plusieurs autres danses, dont je n'entreprend pas de donner l'origine.

 

Il y a un autre pas que l'on appelle positivement fleuret, il se fait de deux manières différentes ; mais comme je ne l'ai trouvé dans aucune danse de Ville ; c'est ce qui fait que je n'en donnerai aucune explication. Ne l'ayant rapporté qu'a l'occasion du pas de Bourrée à un mouvement, et que l'on nomme fleuret ; c'est pourquoi je réserve cette explication pour un autre volume ; ce qui se trouvera dans la manière de faire tous les différents pas de Ballet.

 

 

 

Le demi-coupé

 

Comme on ne peut faire aucun pas plié sans un mouvement du genou, et qu'ordinairement les pas composés de plusieurs pas, se commencent par un demi-coupé, soit du droit ou du gauche il n'importe, puisqu'il se fait d'un pied comme de l'autre ; mais je suppose que ce soit du droit, il faut avoir le gauche devant à la quatrième Position et le corps posé dessus, ainsi qu'il est représenté par cette première Figure qui a le corps posé en avant dessus, le droit prêt à partir, puisqu'il n'a que la pointe qui pose à terre.

 

Ainsi pour commencer ce demi-coupé vous apportez le pied droit contre le gauche à la première position, et vous pliez également les deux genoux, ayant toujours le corps posé sur le pied gauche, de même qu'il est représenté par cette deuxième Figure, qui a les deux pieds l'un près de l'autre, mais le corps posé sur le gauche le droit en l'air et sans qu'il pose à terre.

 

De là vous passez étant plié le pied droit devant vous sans vous relever, à la quatrième position, ainsi que cette troisième Figure le démontre, et dans le même temps apporter le corps dessus en vous élevant dessus la pointe du pied droit.

 

Et dans le même temps apporter le corps sur le pied droit en vous élevant sur la pointe du pied de même que le représente cette quatrième Figure, ce que l'on peut appeler pour lors équilibre, parce que le corps n'est supporté que d'un seul pied. Mais en vous élevant il faut étendre le genou, et de suite approcher la jambe gauche auprès, comme vous le voyez, et surtout que les deux jambes soient bien étendues, lorsque vous êtes élevé

sur la pointe du pied, et de suite vous laissez poser le talon à terre, ce qui termine la fin de ce pas, et vous met dans la facilité d'en faire autant de l'autre pied, en observant les mêmes règles ; ce que l'on doit continuer d'en faire plusieurs de suite, sans se relâcher de bien plier sous soi, et de se relever fur la pointe en étendant les genoux à chacun de ces demi-coupé, qui est un des pas le plus essentiel pour bien danser ; car il vous donne la facilité d'étendre les genoux, et vous communique de la force au cou-de-pied : Ainsi c'est de ce premier pas que dépend de bien danser, puisque ce n'est que de savoir bien plier et élever qui fait le bon danseur.

 

Pour les faire en arrière et de côté, c'est la même règle, qui est de ne passer le pied qu'après que vous avez plié, ce qui est de conséquence, parce que très souvent les Ecoliers se relâchant prennent leur mouvement â faux, et ne se relèvent pas avec la même facilité.

 

 

Des jetés ou demi-cabrioles.

 

Comme il est parlé dans plusieurs pas de ces jetés sans que j'en aie donné aucune instruction particulière, je vais l'expliquer dans ce Chapitre, en suivant l'ordre des pas, qui est d'aller des plus faciles aux plus difficiles.

 

Ce pas ne fait que la partie d'un autre pas, comme on la déjà pu remarquer dans plusieurs pas ci-devant, ainsi un jeté seul ne peut remplir une mesure, il en faut faire deux de suite pour faire l'équivalent d'un autre pas.

 

Mais il se lie aisément dans la construction des autres pas, comme on le voit à la fin du contenu du Menuet, dans les coupés de mouvement, pas tombés, pas de Bourrée vites et autres ; ce qui leur donnent plus d'enjouement.

 

Comme ce n'est que par le plus ou le moins de force, que vous possédez dans le cou de pied qui vous fait élever ainsi ce pas dépend du cou de pied pour le faire avec légèreté ; pour le faire en avant, je suppose que vous ayez le pied gauche devant et 1e corps posé dessus, la jambe droite prête à partir dans le moment que vous pliez sur la jambe gauche, la droite s'approche auprès, et lorsque vous vous relevez ; ce qui se fait par la force du pied

gauche, qui en s'étendant avec force vous en rejette fur la droite ; parce qu'elle achève de se passer devant, lorsque vous vous relevez en tombant fur la pointe du pied droit, et ne poser son talon qu'après, ce qui termine ce pas : ainsi vous pouvez en faire plusieurs de suite d'un pied, comme de l'autre en observant la même règle ; ce qui donne beaucoup de facilité et de légèreté.

 

Il se font en arrière, et de côté également, c'est-à-dire, plier sur une jambe et retomber fur l'autre.

 

On les fait encore d'une autre manière, en ce qu'il faut prendre plus de force pour les sauter ; ce qui se fait en se relevant plus vite, et étendre fort les jambes, en les battant l'une contre l'autre, en retombant fur le pied contraire à celui qui a plié, pour lors il change de nom et on l'appelle demi-cabrioles ; mais comme c'est un pas de Ballet et que je n'entreprends dans ce Traité que de donner la manière de faire les pas qui sont en usage dans les danses de ville, c'est ce qui m'engage de ne pas embarrasser l'écolier des pas que l'on apprend les derniers, comme étant ce qui donne la perfection aux danseurs qui sont nés avec toute la belle disposition, et même à ceux qui en font leur principale occupation.

 

A l'égard des Dames, elles ne doivent pas tant les sauter, il suffit qu'elles en prennent le temps en pliant, et qu'en se relevant elles se laissent tomber fur l'autre pied que celui qui a plié : par conséquent lorsque vous dansez avec une Demoiselle, et qu'il se trouve des jetés ou autres pas sautés, il les faut prendre modérément, afin de conserver cet accord d'un sexe avec l'autre ; ce qui est une des parties essentielles à laquelle ont doit se conformer.

 

Des contretemps de côté de plusieurs sortes.

 

Le contretemps de côté se fait différemment de celui en avant, surtout celui qui est croisé ; la différence est qu'il faut plier sur un pied pour celui en avant ; et celui-ci on doit plier sur les deux pieds.

 

Par exemple si vous devez faire, un contretemps en venant du côté gauche, il se fait du pied droit, ayant les deux pieds à la deuxième position, le corps droit dans son aplomb, et vous pliez comme cette figure le représente, puis vous vous relevez en sautant.

 

Mais comme le mouvement que l'on prend pour sauter, est plus forcé que celui pour s'élever au demi-coupé ; cela fait qu'en vous élevant la jambe droite rejette le corps sur le pied gauche, et elle reste en l'air fort étendue à côté, comme il est représenté par cette seconde figure, et de suite vous faites un pas de cette même jambe en la croisant jusqu'à la cinquième position, en posant le corps dessus, puis faites de suite un autre pas du pied gauche, en le portant à côté à deuxième position, ce qui finit ce pas.

 

Plusieurs le font faire comme celui en avant, c'est-à-dire, plier ayant le corps posé sur le pied gauche, et le pied droit en l'air, mais il m'a paru que le corps était moins ferme, et de plus c'est que la jambe droite se passe trop vite, jointe à ce qu'il n'a pas tant de grâce, ce que j'ai remarqué plusieurs fois ; c'est pourquoi j'ai tracé cette attitude ; afin que l'on comprenne ce pas avec facilité.

 

On fait aussi de ces mêmes contretemps en tournant, et qui se prennent de la même manière : aussi en faisant ce pas vous pouvez tourner un demi-tour ou trois quarts selon que la danse est composée.

 

Il s'en fait encore d'une autre manière qu'on appelle contretemps de Chaconne ou bien ouvert et qui est différent : celui-ci se fait approchant comme celui en avant ; savoir ; le pied gauche devant, et le corps posé dessus la jambe droite s'approche derrière, et vous pliez et vous vous relevez en sautant sur le pied gauche, la jambe droite qui est en l'air se porte à côte à la deuxième position et le pied gauche se porte soit derrière ou devant à la cinquième position, ce qui en fait l'étendue ; car on se sert ordinairement de ces pas pour aller de côté, ainsi ce pas est composé d'un mouvement sauté, et de deux pas marchés sur la pointe ; mais au dernier, il faut poser le talon, afin que le corps soit ferme pour faire tel autre pas que l'on veut ; mais en faisant ce pas de cette manière, c'est pour aller du côté droit, de sorte qu'en prenant le contraire qui est de commencer par sauter sur le droit, c'est pour revenir du côté gauche.

 

Vous devez aussi observer lorsque vous pliez et que vous sautez, de re-tomber presque à la même place, surtout dans les danses de Ville où les pas doivent être faits dans toute leur régularité et proportion.

 

Il y a encore une autre espèce de contretemps, que l'on appelle contretemps à deux mouvements d'autres le nomment contretemps ballonné, cette manière de contretemps est des plus gracieuses et des plus gaies, surtout aux personnes qui ont de la légèreté, et même elle en procure à ceux qui n'en ont pas, quand ils veulent s'y appliquer, et pour en donner l'intelligence nécessaire.

Je vais l'expliquer dans toutes ses circonstances.

 

Ce pas se fait en avant, en arrière et de côté, les uns comme les autres ; mais je commencerai par ceux que l'on fait en avant. Pour le faire du pied droit ayant le gauche devant, à la quatrième position le corps posé dessus, il faut plier et vous relever en sautant sur le même pied, et la jambe droite qui est derrière se passe devant dans le même temps que vous pliez, et se tient en l'air fort étendue pendant ce premier mouvement mais vous reprenez de suite un second mouvement en pliant sur le pied gauche, ce qui vous rejette sur le pied droit en formant un jeté : ainsi ce pas est composé de deux mouvements différents, savoir, plier et sauter sur un pied ; puis plier sur le même pied, et le rejeter sur l'autre.

 

J'ai déjà dit que tous ces différents pas sont également pour les Dames, pour les Messieurs, à l'exception qu'elles ne doivent pas tant les sauter ; mais quant aux pliés il les faut toujours bien marquer, surtout dans les commencements en ce qu'ils rendent une danse plus agréable, au lieu que quand ils ne sont pas si fort marqués qu'à peine peut-on distinguer les pas, ils font paraître une danse sèche, et qui n'a aucun agrément.

 

J'ai dit que ces mêmes pas se font en arrière, on doit observer les circonstances pareilles ; savoir, plier et sauter sur le pied qui est celui qui est posé derrière, et celui de devant se lève dans l'instant du premier mouvement en restant en l'air, le passer derrière lorsque l'on fait le second mouvement, ce qui est un demi-jeté où se termine ce pas.

 

Ceux du côte se prennent ordinairement après un pas de Bourrée dessus et dessous, ainsi vous pliez et sautez sur le pied qui vient de finir le pas de Bourrée, et celui qui est devant se lève, et au second mouvement vous vous laisser tomber sur ce pied en le jetant à la deuxième position.

 

 

Des contretemps de côté de plusieurs sortes.

 

Le contretemps de côté se fait différemment de celui en avant, surtout celui qui est croisé ; la différence est qu'il faut plier sur un pied pour celui en avant ; et celui-ci on doit plier sur les deux pieds.

 

Par exemple si vous devez faire, un contretemps en venant du côté gauche, il se fait du pied droit, ayant les deux pieds à la deuxième position, le corps droit dans son aplomb, et vous pliez comme cette figure le représente, puis vous vous relevez en sautant.

 

Mais comme le mouvement que l'on prend pour sauter, est plus forcé que celui pour s'élever au demi-coupé ; cela fait qu'en vous élevant la jambe droite rejette le corps sur le pied gauche, et elle reste en l'air fort étendue à côté, comme il est représenté par cette seconde figure, et de suite vous faites un pas de cette même jambe en la croisant jusqu'à la cinquième position, en posant le corps dessus, puis faites de suite un autre pas du pied gauche, en le portant à côté à deuxième position, ce qui finit ce pas.

 

Plusieurs le font faire comme celui en avant, c'est-à-dire, plier ayant le corps posé sur le pied gauche, et le pied droit en l'air, mais il m'a paru que le corps était moins ferme, et de plus c'est que la jambe droite se passe trop vite, jointe à ce qu'il n'a pas tant de grâce, ce que j'ai remarqué plusieurs fois ; c'est pourquoi j'ai tracé cette attitude ; afin que l'on comprenne ce pas avec facilité.

 

On fait aussi de ces mêmes contretemps en tournant, et qui se prennent de la même manière : aussi en faisant ce pas vous pouvez tourner un demi-tour ou trois quarts selon que la danse est composée.

 

Il s'en fait encore d'une autre manière qu'on appelle contretemps de Chaconne ou bien ouvert et qui est différent : celui-ci se fait approchant comme celui en avant ; savoir ; le pied gauche devant, et le corps posé dessus la jambe droite s'approche derrière, et vous pliez et vous vous relevez en sautant sur le pied gauche, la jambe droite qui est en l'air se porte à côte à la deuxième position et le pied gauche se porte soit derrière ou devant à la cinquième position, ce qui en fait l'étendue ; car on se sert ordinairement de ces pas pour aller de côté, ainsi ce pas est composé d'un mouvement sauté, et de deux pas marchés sur la pointe ; mais au dernier, il faut poser le talon, afin que le corps soit ferme pour faire tel autre pas que l'on veut ; mais en faisant ce pas de cette manière, c'est pour aller du côté droit, de sorte qu'en prenant le contraire qui est de commencer par sauter sur le droit, c'est pour revenir du côté gauche.

 

Vous devez aussi observer lorsque vous pliez et que vous sautez, de re-tomber presque à la même place, surtout dans les danses de Ville où les pas doivent être faits dans toute leur régularité et proportion.

 

Il y a encore une autre espèce de contretemps, que l'on appelle contretemps à deux mouvements d'autres le nomment contretemps ballonné, cette manière de contretemps est des plus gracieuses et des plus gaies, surtout aux personnes qui ont de la légèreté, et même elle en procure à ceux qui n'en ont pas, quand ils veulent s'y appliquer, et pour en donner l'intelligence nécessaire ; Je vais l'expliquer dans toutes ses circonstances.

 

Ce pas se fait en avant, en arrière et de côté, les uns comme les autres ; mais je commencerai par ceux que l'on fait en avant. Pour le faire du pied droit ayant le gauche devant, à la quatrième position le corps posé dessus, il faut plier et vous relever en sautant sur le même pied, et la jambe droite qui est derrière se passe devant dans le même temps que vous pliez, et se tient en l'air fort étendue pendant ce premier mouvement mais vous reprenez de suite un second mouvement en pliant sur le pied gauche, ce qui vous rejette sur le pied droit en formant un jeté : ainsi ce pas est composé de deux mouvements différents, savoir, plier et sauter sur un pied ; puis plier sur le même pied, et le rejeter sur l'autre.

 

J'ai déjà dit que tous ces différents pas sont également pour les Dames, pour les Messieurs, à l'exception qu'elles ne doivent pas tant les sauter ; mais quant aux pliés il les faut toujours bien marquer, surtout dans les commencements en ce qu'ils rendent une danse plus agréable, au lieu que quand ils ne sont pas si fort marqués qu'à peine peut-on distinguer les pas, ils font paraître une danse sèche, et qui n'a aucun agrément.

 

J'ai dit que ces mêmes pas se font en arrière, on doit observer les circonstances pareilles ; savoir, plier et sauter sur le pied qui est celui qui est posé derrière, et celui de devant se lève dans l'instant du premier mouvement en restant en l'air, le passer derrière lorsque l'on fait le second mouvement, ce qui est un demi-jeté où se termine ce pas.

 

Ceux du côté se prennent ordinairement après un pas de Bourrée dessus et dessous, ainsi vous pliez et sautez sur le pied qui vient de finir le pas de Bourrée, et celui qui est devant se lève, et au second mouvement vous vous laisser tomber sur ce pied en le jetant à la deuxième position.