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Lire directement la synthèse du groupement ? Lire l'explication de "Bijoux" ? Bijoux Je n'ai jamais eu de bijoux, Ni bagues, ni chaîne aux poignets Ce sont choses mal vues chez nous: Mais on m'a mis la chaîne aux pieds.
On dit que ce n'est pas viril, Les bijoux sont faits pour les filles: Aujourd'hui comment se fait-il Qu'on m'ait mis la chaîne aux chevilles ?
Il faut connaître toutes choses, Être curieux du nouveau: Étrange est l'habit qu'on m'impose Et bizarre ce double anneau.
Le mur est froid, la soupe est maigre Mais je marche, ma foi, très fier, Tout résonnant comme un roi nègre Paré de ses bijoux de fer. ROBERT BRASILLACH: 1909-1945 : Poème de Fresnes (1949) Il fut condamné à mort à la Libération pour les opinions politiques qu'il avait soutenues pendant l'occupation. Malgré une pétition signée par les plus grands écrivains français, De Gaulle refusa de le gracier. Il fut fusille le 6 février 1945
Si bleu, si calme! Le ciel est, par-dessus le toit, Un arbre, par-dessus le toit, Berce sa palme.
La cloche, dans le ciel qu'on voit, Doucement tinte. Un oiseau sur l'arbre qu'on voit Chante sa plainte.
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, Simple et tranquille. Cette paisible rumeur-là Vient de la ville.
&emdash;Qu'as-tu fait, ô toi que voilà Pleurant sans cesse Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, De ta jeunesse ? Paul Verlaine
J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité. Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère ? J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués, en étreignant ton ombre, à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être. Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute. Ô balances sentimentales. J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu. J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme, qu'il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu'à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l'ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie. Robert DESNOS Corps et Biens (1930)
Les chercheuses de poux
Quand le front de l'enfant, plein de rouges tourmentes, Implore l'essaim blanc des rêves indistincts, Il vient près de son lit deux grandes sœurs charmantes Avec de frêles doigts aux ongles argentins.
Elles assoient l'enfant devant une croisée Grande ouverte où l'air bleu baigne un fouillis de fleurs, Et dans ses lourds cheveux où tombe la rosée Promènent leurs doigts fins, terribles et charmeurs.
Il écoute chanter leurs haleines craintives Qui fleurent de longs miels végétaux et rosés, Et qu'interrompt parfois un sifflement, salives Reprises sur la lèvre ou désir de baisers.
Il entend leurs cils noirs battant sous les silences Parfumés ; et leurs doigts électriques et doux Font crépiter parmi ses grises indolences Sous leurs ongles royaux la mort des petits poux.
Voilà que monte en lui le vin de la Paresse, Soupir d'harmonica qui pourrait délirer ; L'enfant se sent, selon la lenteur des caresses, Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer. Rimbaud Il s'agit d'un assemblage additif : chaque texte apportant un point de vue différent.
Les manifestations de la privation de liberté Beaucoup de poètes se sont retrouvés en prison (Marot, Chénier, Apollinaire,Villon, de Viau et tous ceux du groupement bien-sûr! D'autres ont été exilés. C'est paradoxal en apparence : - d'abord parce qu'on les dit "rêveurs" de nature et préoccupés des choses du cœur - d'autre part parce qu'ils aiment la liberté. En réalité c'est la conséquence même de ces deux traits de caractère qui les caractérisent: : Le poète souffre facilement à cause de sa sensibilité donc réagit violemment aux difficultés de vivre et à toute forme d'aliénation. Poésie lyrique et poésie engagée se côtoient souvent dans une même œuvre (Ronsard, Hugo, Aragon )
Le groupement fait apparaître 4 types de réactions chez des poètes masculins. Le cas de Rimbaud : c'est un cas sans grande gravité, une expérience d'une semaine à titre punitif. La prison ne le corrige pas : il a été emprisonné à 16 ans pour sa provocation et il provoque encore. L'absence de liberté agit sur sa sensualité : il fantasme. Mais ce qui est intéressant c'est de voir comment il abat les limites de la prison en transformant la réalité et finalement ne cherche pas à fuir mais à profiter, détournant ainsi le sens même de la punition à son avantage. De plus l'absence de liberté stimule la création poétique. Le cas Desnos : il s'apparente au cas Rimbaud par le thème du fantasme. mais c'est un cas beaucoup plus grave. La prison de Fresnes est l'antichambre des camps de concentration. L'absence de liberté c'est ici la frustration de celle qu'il aime (Youki) : une frustration à la fois physique et intellectuelle. C'est cette frustration qui donne lieu à une analyse psychologique très perspicace sur la réalité de la séparation . L'absence de liberté c'est l'absence de l'être aimée et la fin inévitable de l'amour Le cas Verlaine : le séjour en prison de deux ans fait suite à une condamnation pour tentative de meurtre et à une vie déréglée. L'absence de liberté va servir de révélateur à la simplicité de la vie libre. L'agitation intérieure et les remords font paraître merveilleux et banal l'extérieur. Il y a même un retour à Dieu. La prison produit un effet de recul nécessaire pour reconsidérer le monde autrement Le cas Brasillach : c'est un cas grave : la mort est promise. L'absence de liberté c'est dans ce cas l'absence de vie. C'est l'humour noir qui sert d'exutoire, de dérivatif plus que d'échappatoire. C'est un jeu intellectuel, cérébral. La situation est tournée en dérision , elle est perçue comme absurde mais elle n'est pas évitée. Conclusion 4 cas différents qui montrent que la notion de liberté est totalement subjective et liée à l'âge du captif et à son caractère mais aussi à la cause de la captivité. Les points communs c'est d'abord l'écriture compensatrice à un malaise mais c'est aussi l'écriture comme moyen d'immortaliser des moments .
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